Un peu d’Histoire…
Saint-Benoît-en-Woëvre, ce village de moins d’une cinquantaine d’âmes, possède une abbaye cistercienne du XIIème siècle. Belle et imposante, il n’en reste aujourd’hui, plus que la façade. Autrefois, le village était habité par des moines bénédictins, en 1128. En 1132, les cisterciens ont pris possession de cette bâtisse. Au début du XVIII° siècle, l’abbaye est en très mauvais état et les lieux réputés insalubres (la première abbaye se trouvait dans le bas du village). A partir de cette époque, c’est le duc de Lorraine qui nomme les abbés et non plus le pape. L’abbé Jean de la Ruelle réunit les fonds pour construire la nouvelle abbaye (sur le lieu que l’on connait aujourd’hui) qui s’élève à partir de 1740. L’édifice, somptueux, ressemble davantage à un château qu’à une abbaye.
Le dernier abbé, à la réputation de mœurs dissolues et couvert de dettes, doit vendre une partie du mobilier pour faire face à ses créanciers. En 1784, il quitte l’abbaye.
En 1791, les moines sont chassés par les révolutionnaires qui réquisitionnent les bâtiments comme bien national et font détruire l’abbatiale. En 1792, trois adjudicataires se partagent les trois ailes de l’abbaye : les familles Arnoud, Dégoutin et Mengin. En 1864, il n’y a plus que deux propriétaires.
En 1914, l’armée allemande y établit un quartier général et un hôpital. En 1918, elle fait sauter les bâtiments avant de battre en retraite. Seules subsistent aujourd’hui les ruines de la façade principale.
Classée aux monuments historiques depuis 1913
Le logis de l’abbaye, bien conservé malgré des partages et usages successifs, est classé au titre des monuments historiques le 3 mai 1913. Occupée par les Allemands, le site est en grande partie incendié en septembre 1918, ce qui entraîna son déclassement le 30 décembre 1920. Il ne subsiste alors que la façade de l’aile Nord-Ouest et des éléments des murs Sud-Est et Sud-Ouest en retour d’équerre. Par deux fois, en 1985 et en 1999, une mesure de protection est envisagée pour l’aile Nord-Ouest menacée de ruines mais n’aboutit point.
En 2017, Georges Duménil, amoureux reconnu du patrimoine, rachète les lieux, il veut « sauver la ruine et essayer d’aménager des abords afin qu’ils soient accueillants pour le public ». Des travaux ont été réalisés pour sauver toute la partie supérieure des infiltrations d’eau, pour un budget de 25 000 euros. Une subvention de la Région, une aide de la Fondation du patrimoine ainsi que des dons construisent ce budget. Georges Duménil a aussi installé des panneaux explicatifs de l’histoire de l’abbaye, son idée était d’en créer de nouveaux, plus développés et pérennes. Il entame aussi les démarches pour le classement de l’abbaye en tant que monument historique.
Au printemps 2022, devant l’impossibilité d’agir librement, M. Duménil cède la propriété à la commune. Grand merci à lui pour son dévouement et son investissement sans faille pour notre patrimoine.
En date du 9 octobre 2024, les ruines de l’abbaye font à nouveau l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques, dans leur totalité.
Une si riche histoire
Savez-vous que l’étang de Lachaussée a été créé en 1273 par les moines de l’abbaye de Saint-Benoît-en-Woëvre, sur les ordres du comte de Bar Thiebaut II ?
Quatre hameaux ont été détruits pour le créer. Le but était de nourrir la population. Il servait de réserve piscicole aux moines qui mangeaient beaucoup de poisson en période d’abstinence. Le plan d’eau couvre 310 hectares. Le site classé en Espace Naturel Sensible héberge une flore et une faune très variées. L’avifaune compte plus de 200 espèces et 30 espèces de papillons ont été recensées.
Savez-vous qu’il y a un petit bout de Saint-Benoit à la cathédrale de Metz ?
Suite à l’incendie de la toiture de 1468, le clocher de la tour de la Mutte est reconstruit en pierre entre 1478 et 1481. Il y a six siècles, le feu avait déjà ravagé les combles de la cathédrale. Seul le campanile en bois de la tour de la Mutte avait été épargné. Pour surélever la tour en 1481, on a utilisé massivement la pierre et le métal mais aussi du bois avec « 38 chênes du domaine de l’abbaye de Saint-Benoît-en-Woëvre ». Le nouveau beffroi qui soutient les cloches est reconstruit en bois. Ainsi, 38 chênes ont été abattus en 1480 dans la forêt du domaine de l’abbaye de Saint-Benoît en Woëvre. « Ils ont été transportés en « voiture » jusqu’à Novéant et de là, par flottaison jusqu’au Rimport à Metz ».